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Le Père-Noël a encore frappé...

La question

Comment réagir lorsque l'on reçoit des cadeaux?

Le proverbe du sage Nô-Mi

Si tu n’offres pas avec amour, même le plus précieux des cadeaux n’aura aucune valeur! Quand l’insensé reçoit un présent, il demande “Pourquoi”. Quand le Sage accueille un cadeau, il dit simplement “Merci”.

 

La réponse du psy

Comme chaque année, à l’approche des fêtes de fin d’année, chacun dresse fébrilement la liste des cadeaux à faire à ses proches et à ses amis. Notre première motivation à écumer les rayons des grands-magasins à la recherche d’un bibelot ou d’un accessoire de cuisine, c’est naturellement de faire plaisir à autrui. Mais d’autres mobiles influencent notre bonne volonté à ouvrir notre portefeuille: faire ses étrennes, c’est suivre certaines règles sociales. D’abord, tout le monde garnit le pied des sapins d’emballages multicolores et nous nous sentons un peu obligés de faire de même. Ensuite, les dons ont des effets secondaires drôlement bénéfiques: entre autres, ils ont la vertu d’absoudre les gens pressés durant toute l’année qui, à défaut d’accorder leur présence, offrent leur générosité, de pardonner les petites infidélités, de gommer les aspérités cassantes des caractères que l’on dit “forts”, d’illuminer la face de ceux qui ne sourient jamais, de masquer avec du papier-marbré toutes ces contrariétés qui pèsent sur le moral, et de gratifier ceux que l’on oublie constamment d’un petit morceau d’attention. Les présents donnent également une forme de pouvoir sur autrui (“Je te donne donc tu m’appartiens...”) et ils suscitent au moins passagèrement la sympathie et la reconnaissance de l’autre... A la base, les dons et les cadeaux ont une fonction très importante: ils servent à “lier” la mayonnaise sociale qui unit les gens entre eux. Lorsqu’on échange des surprises tout droit sorties de la hotte du discount le plus avantageux, la vraie valeur du geste n’est pas seulement matérielle. C’est également un signe de solidarité, d’amitié, d’amour, parfois aussi d’une douce hypocrisie aux multiples significations.

Alors, comment réagir lorsque l’on reçoit un cadeau?

Moment crucial des veillées de Noël, le froissement des papiers qui dévoilent - enfin - le contenu de tous ces cartons aux formes multiples et intriguantes. Mais le plus délicat reste à faire: face au énième vase décoré à la main ou à la pratique boîte fourre-tout que l’on ne saura pas où ranger, il faut se garder de mettre les pieds dans le plat en affichant une mine consternée. La personne qui nous fait un cadeau ne souhaite nullement empoisonner notre existence en encombrant davantage notre galetas. Son geste marque le désir de gagner notre confiance, notre sympathie et notre amitié. Mais bien souvent nous nous sentons embarrassés, car notre société fonctionne sur un principe de “donner-recevoir” impliquant une forme de réciprocité et d’équivalence. Une petite porte laisse alors entrer en nous une mauvaise conscience insidieuse. Le message est clair : “Si je te donne beaucoup, c’est que je souhaite en recevoir encore davantage...” Le sage Nô-Mi avait coutume de dire à ses disciples: “Quand l’insensé reçoit un présent, il demande “Pourquoi”. Quand le Sage accueille un cadeau, il dit simplement “Merci”.”
En d’autres termes, restons simples! Apprenons à considérer le cadeau comme une attention agréable, sans l’associer forcément à tout un contexte de conventions où la règle consiste à systématiquement renvoyer l’ascenseur, si possible au même étage... Le gribouillis du neveu a-t-il plus ou moins de valeur que le train miniature que nous lui avons apporté? La bûche trop grasse et trop sucrée vaut-elle autant que les dizaines de délicieux petits biscuits au chocolat que nous lui avons confectionnés? Faisons abstraction de ces considérations subjectives et gardons nos états d’âme pour tous ces jours, durant l’année, où nous trouvons mille prétextes pour nous éviter des contraintes sociales, sans en faire tout un plat de fête... N’oublions pas ce petit proverbe à inscrire sur le vacherin glacé du dessert: “Si tu n’offres pas avec amour, même le plus précieux des cadeaux n’aura aucune valeur!”