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Mobile?

La question

Au chômage depuis pas mal de temps déjà, on m’a conseillé d’accroître ma mobilité géographique. J’ai donc postulé dans des entreprises éloignées de mon domicile. Et là, on m’a systématiquement répondu que j’habitais trop loin pour entrer en matière. Alors faut-il être mobile ou immobile?

 

La réponse du psy

Pour répondre clairement à votre question, il faut décrire ce que l’on entend par “mobilité géographique” lorsqu’on conseille à quelqu’un d’étendre son “rayon” d’action. L’expérience que vous avez faite montre clairement que les patrons qui ont reçu votre dossier ne l’on pas retenu parce que le trajets que vous auriez eu à faire pour vous déplacer sur les lieux de votre travail étaient jugés trop longs, ce qui peut entraîner toute une série de désagréments: pour vous conformer aux horaires de l’entreprise, vous devez vous lever bien avant le chant du coq et vous ne rentrez que tard le soir. Vie de famille réduite, stress et fatigue liés au voyage, par train ou par route, indisponibilité relative pour toute “exception” (une séance agendée en tout début de matinée ou tard dans l’après-midi), retards prévisibles à chaque fois que les conditions atmosphériques font de leurs caprices, risque plus élevé d’accident en chemin, coûts exorbitant de tous ces kilomètres et, à la longue, une lassitude bien compréhensible de votre part qui vous conduire à chercher autre chose et réduira sensiblement votre “enthousiasme” à la tâche. Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive. Mais ces quelques exemples démontrent que les longs déplacements ne vous rendent guère plus “mobile”. Au contraire, ils chargent votre existence d’un poids supplémentaire, alourdissent la barque et vous empêchent de vous consacrer pleinement à de nouvelles activités.

Bien sûr, nous avons tous des connaissances qui travaillent “loin” et qui, par la force des choses, se sont habituées à assumer de longs trajets. Mais lorsqu’un patron a le choix, il préférera un collaborateur ou une collaboratrice qui habite dans la région. La mobilité que l’on vous a conseillée c’est donc autre chose et s’apparente davantage à un chamboulement plus radical de toutes vos habitudes. En effet, si vous ne trouvez pas de travail là où vous résidez actuellement, peut-être faut-il songer à carrément déménager ailleurs afin de vous rapprocher d’un lieu où vous avez de meilleures chances de tordre le cou à votre situation actuelle. Typiquement, on vous proposera de “suivre” votre nouvel emploi, quitte à changer de canton, voire de région linguistique. Et cette mesure souvent perçue comme “extrême”, constitue parfois le seul moyen de remettre le pied à l’étrier, même si les sacrifies peuvent être, à première vue, immenses. Vous avez peut-être construit une maison, vous bénéficiez du soutien de votre famille qui habite deux rues plus loin, vos amis se confondent avec vos voisins, bref, votre nid est solidement installé sur une branche. Mais le fait que le tissu économique se soit considérablement réduit et que nombre d’entreprises se voient contraintes de recentrer et de concentrer leur activités agit comme une tornade qui ballotte méchamment “votre” arbre, au point de devoir l’abandonner.

C’est ça, la mobilité. Un trajet que l’on accepte de faire une bonne fois pour toutes en fonction des possibilités de travail qui s’offrent à nous. Et c’est ce qui peut vous donner des atouts auprès d’un employeur potentiel qui verra avec plaisir votre arrivée “sur place”, réduisant du même coup toutes les appréhensions dont j’énumérais quelques exemples tout à l’heure. Bien entendu, vous n’allez pas déménager sous prétexte que vous devez habiter à moins d’un kilomètre du lieu où vous travaillez. Il n’y a pas de “règle” précise qui dicte à partir de quelle distance il convient de prendre ses cliques et ses claques pour opérer un déplacement “complet”. Tout dépend du confort de vie que l’on souhaite - et qui est “recommandé” - et de la charge liée à son activité. En gros, on peut cependant considérer qu’avec trois heures et plus de trajet par jour, vous risquez bien d’être débordé, à terme et que votre candidature sera difficilement prise en compte. A moins, bien sûr, que vous ne soyez un spécialiste dont on ne peut pas se passer et pour les services duquel l’entreprise consentira à prendre le risque de vous voir constamment sous pression pour arriver à l’heure le matin et ne pas partir en retard le soir... La mobilité que l’on vous conseille aujourd’hui va de pair avec une remise en question profonde de vos habitudes et de votre vie. Elle ne saurait donc s’improviser sur un simple coup de tête ou parce que, le couteau sous la gorge, vous vous sentez obligé de tout accepter, à n’importe quel prix. Mais si vous vous rendez compte que vous ne retrouverez du travail qu’à condition de faire “le grand saut”, n’oubliez pas que la distance n’effraie pas, en principe, les “vrais” amis et que le confort d’un nid ne dépend pas seulement de la branche sur lequel on l’a construit...