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Petit trajet deviendra grand

La question

La plupart des automobilistes se déplacent quotidiennement au volant de leur voiture pour se rendre à leur travail, faire des commissions ou aller chez des amis. L’automobile est devenue un moyen de locomotion tellement répandu et “banal” que ce n’est qu’à l’occasion d’une panne ou d’un service qu’on découvre à quel point elle nous facilite la vie.

 

La réponse du psy

Chaque jour, nous effectuons ainsi des trajets routiniers qui n’excèdent en général pas quelques dizaines de kilomètres. De temps à autre, heureusement, nous avons des vacances et c’est alors que nous nous embarquons pour de plus longs voyages, pour lesquels, d’ailleurs, nous prenons des précautions : vérification du niveau d’huile, de l’eau, de la pression des pneus, de la fiabilité des freins, etc... Or, on peut se livrer à un calcul très simple : prenons un automobiliste qui parcourt en moyenne vingt kilomètres par jour de travail, 50 en fin de semaine et 2000 pour le “grand” trajet vers le repos. Total annuel : 10000 kilomètres environ, dont 50 % parcourus dans un rayon restreint entre la maison et les activités quotidiennes ! C’est ce qui explique, en partie, pourquoi les statistiques montrent que nous risquons davantage d’avoir un accident près de chez nous que dans une lointaine contrés où nous avons élu domicile l’espace de quelques jours. Mais nous sommes tous pareils : autant nous nous souvenons de nos longs voyages éprouvants, autant nous négligeons toutes ces fois où nous nous mettons au volant simplement pour rouler à l’autre bout du quartier. Et c’est là que le bât blesse : tel conducteur particulièrement soigneux ne s’embarquerait jamais avec des freins défectueux pour faire 500 kilomètres, mais, pour le même problème, il n’aura pas peur de faire cinquante trajets de dix kilomètres avant d’aller chez le garagiste. Dans le même ordre d’idée, cet autre automobiliste qui fera judicieusement une croix sur toute boisson alcoolisée au moment de rouler vers le soleil de la Provence, ne s’abstiendra pas de consommer apéritifs, vins et pousse-café, à midi au restaurant, avant de reprendre la route du travail. On a tendance à sous-estimer les quelques kilomètres que nous “avalons” sans le moindre souci, et à surestimer notre boulimie d’asphalte lorsque nous changeons d’air.

On me dira, à juste titre, que l’on court moins de risques sur un circuit que l’on connaît particulièrement bien et qu’il n’y a pas de mal à brancher le “pilote automatique” pour quelques tours de roues. Mais je répondrai : “Attention aux mauvaises surprises”. C’est souvent là où précisément nous avons l’habitude qu’il ne se passe rien que l’incident va survenir. Je traverse tel carrefour sans me soucier de la priorité de droite. En effet, l’expérience m’a montré qu’il n’y a jamais personne à cet endroit. Manque de pot, ce jour-là, un poids lourd est venu livrer une tonne de béton et c’est l’accident. Bien entendu, cela ne veut de loin pas dire qu’il faille monter une véritable expédition avec contrôles, check-list et autres précautions chaque fois que nous entrons dans notre voiture. Mais on peut néanmoins prendre conscience qu’à l’instar des petites rivières qui deviennent de grands fleuves, notre compteur kilométrique a vite fait de comptabiliser l’équivalent d’un tour complet de la terre rien que pour les traditionnelles commissions du samedi. Idéalement, le conducteur devrait donc toujours garder à l’esprit qu’il n’y a pas de trajets plus importants que d’autres, sur le plan de la sécurité routière. Prendre le volant, c’est courir un risque que l’on peut fortement modérer par une discipline personnelle qui écarte ces facteurs qui trop souvent accompagnent le déroulement d’une tragédie de la route, comme l’alcool, la fatigue, le stress, la négligence, les médicaments, la maladie, etc... Car comme tout ce qui s’accumule, même les petits trajets finissent toujours par devenir très grands !