mieux-etre.ch

Petits pas, grands bonds

La question

Lorsqu’on demande à un adulte de faire la liste de quelques événements marquants de son enfance, il cite très souvent son premier jour d’école. Bien que rompu à la course d’obstacles qu’impose la vie quotidienne, habitué aux horaires exigeants du travail, endurci et entraîné à surmonter le stress et le rendement, il n’a pas oublié cet instant unique, mélange de peur et d’exaltation où il est entré pour la première fois dans une salle de classe. Certes, il y avait eu des étapes pour le préparer à ce grand saut vers la constellation du savoir : le jardin d’enfants d’abord, l’école enfantine ensuite, mais c’était plus du jeu qu’autre chose. La rentrée à la “grande” école fut donc vraiment un événement considérable.

 

La réponse du psy

Aujourd’hui, c’est peut-être au tour de votre propre enfant de vivre cette expérience. Pour de nombreux chercheurs en matière de psychologie et de pédagogie, elle constitue un peu une seconde naissance pour le nouvel écolier, celle qui le voit entrer de plain-pied dans un système qui va lui permettre non seulement d’acquérir un savoir intellectuel mais également d’apprendre toute une série de règles qui régissent le fonctionnement de la société : le conformisme et l’obéissance à une autorité autre que celle établie par les parents, la concurrence, la lutte pour se faire entendre et respecter, l’efficience, la comparaison des résultats, les rapports de force, la sélection, la planification du travail (les “devoirs”), les relations avec autrui, etc... Pour l’enfant c’est une révolution autant qu’une évolution et, quel que soit le type d’études ou de formation qu’il entreprenne plus tard, il sera pratiquement adulte lorsqu’il tournera le dos aux bancs qu’il va inaugurer maintenant. Cette étape n’est pas à prendre à la légère et ne constitue pas une simple formalité : beaucoup d’enfants se sentent très seuls au moment d’aborder ce chemin fait d’inconnu et de doutes et ils ont de la peine à exprimer cette sensation bizarre qui leur noue le ventre. Durant les premières semaines de scolarité, les spécialistes conseillent donc aux parents d’être particulièrement attentifs aux réactions, aux paroles et aux attitudes de leur enfant, et d’intervenir en douceur lorsque les choses ne semblent pas tourner rond. C’est un peu comme une voiture de course que l’on fait rouler pour la première fois sur une vraie piste : il y a des réglages à faire et il n’est pas impossible de constater un dysfonctionnement passager, sans pour autant déclarer forfait ! Le meilleur conseil que l’on puisse donner tient une fois de plus du bon-sens : se mettre à la place de l’enfant et rechercher dans les archives de ses souvenirs les empreintes de son entrée à l’école. Un départ réussi est un atout dans toute “compétition”. L’école fait partie de ce type de challenge et il est utile de savoir que même s’il n’y a qu’un petit pas pour arriver dans la classe, c’est un grand bond pour l’enfant...