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Légendes sur routes

La question

L’autre jour, je me promenais au bord du lac et j’ai vu une auto qui “flottait” au milieu des voiliers! Quelle est cette voiture et quand l’a-t-on construite?”

 

La réponse du psy

L’histoire passionnante de l’automobile fourmille d’inventions et d’innovations plus ou moins réussies, dont certaines, parfois relativement farfelues ou carrément géniales, ont donné naissance à des véhicules totalement hors du commun. C’est le cas de “l’Amphicar” dont vous avez vu l’un des très rares exemplaires restants. Ce cabriolet capable de nager comme un poisson dans l’eau fut conçu par un ingénieur allemand de génie, Hans Trippel, et présenté pour la première fois au public lors du salon de l’automobile de New-York en 1961 puis de Francfort en 1963. L’idée était ancienne puisque Trippel avait déjà construit différents prototypes de voitures amphibies dès 1932. L’armée allemande fut intéressée par ses travaux mais ne fut guère convaincue des premiers essais d’un “Schwimmwagen” mis au point par l’ingénieur et le groupe Volkswagen. Son principal défaut? Il coulait sous son propre poids... A la fin des années cinquante les usines DWM (Deutsche Wagen und Maschinen Fabriken) commercialisèrent enfin ce qui devait être la seule voiture de série à défier le bitume et l’eau. 3000 unités furent ainsi assemblées entre 1960 et 1965, dont 75% furent importées aux États-Unis. Malheureusement l’expérience tourna court malgré de solides atouts: l’Amphicar était dotée d’un moteur 4 cylindres de 1147 cm3 développant 42 chevaux à 4750 tours/minute. Elle pesait 1200 kilos, atteignait sur route 120 à 130 km/h et se battait à travers les flots à 12 km/h environ, sans afficher une consommation exagérée (9 litres en moyenne). Techniquement, il avait surtout fallu résoudre les problèmes de la transmission de la puissance du moteur tantôt sur les roues tantôt sur les hélices et, naturellement de l’étanchéité: pari réussi avec, sur la route, une propulsion classique et sur l’eau un vrai bateau, le braquage des roues avant servant de gouvernail, les roues arrières faisant office de quilles et les pneus de... flotteurs. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas sa fiabilité qui rendit la carrière de l’Amphicar si éphémère mais plutôt des tracasseries administratives: elle devait être à la fois immatriculée en tant que voiture et bateau, il fallait deux permis pour la conduire et elle encombrait son coffre peu volumineux de tout l’attirail du marin d’eau douce: bouée, corde, gilet de sauvetage, corne de brume et tutti quanti côtoyaient la boîte à outils et la roue de secours. Malgré un prix très concurrentiel (à peine plus qu’un cabriolet VW de l’époque), les ventes déclinèrent et le tout se solda par un échec relatif, même si aujourd’hui, avec l’arrivée d’une société de plus en plus tournée vers les loisirs “polyvalents”, une telle légende de la route aurait sûrement toutes ses chances...