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Refaire le monde

La question

Tranquillement attablé devant un café avec mon quotidien vitaminé, je dressais une oreille attentive pour saisir l’essentiel d’une conversation animée qui échauffait quatre esprits rebelles, quelques chaises plus loin. Bigre, le sujet était électrique bien qu’il y fut question d’essence, de voitures, de pollution et de pétrole et je peux vous assurer que des idées, ils en avaient: supprimer l’automobile, rendre les transports en commun gratuits interdire les moteurs à combustion, tirer des lignes électriques partout...

 

La réponse du psy

Refaire le monde au bistrot a le mérite de ne rien coûter au contribuable et de donner, parfois, matière à réflexion. Justement, si on se passait de nos voitures? Admettons qu’on résolve tous les problèmes liés à la véritable catastrophe économique que cela produirait: des milliers d’emplois supprimés, la nécessité de complètement réorganiser notre système de transports de personnes et de marchandises, le besoin de mettre en place une gigantesque infrastructure alternative à nos routes actuelles, etc... C’est déjà pas mal. Nous respirions mieux, il n’y aurait plus de bouchons dans les rues des villes mais j’imagine la cacophonie dans les métros, les trains, les bus et autres véhicules “autorisés” aux heures de pointe. Sans compter les complications entraînées par l’obligation de desservir le moindre bled, au même titre que les grandes agglomérations. Bonjour les horaires, les correspondances, les calculs savants et les retards. Mais soit, ne chipotons pas sur les détails et allons à l’essentiel: aurions-nous une meilleure qualité de vie? L’automobile a sans doute bien des défauts (que les ingénieurs et les concepteurs s’attachent à corriger de plus en plus efficacement) mais elle possède une qualité irremplaçable: elle nous donne une fantastique liberté de mouvement. Profession, loisirs, vie pratique, tout est rendu plus fluide et plus facile grâce à notre fidèle machine sur quatre roues qui, sans fatigue ni état d’âme vous transporte où bon vous semble. On peut regarder n’importe quelle tranche de l’histoire de notre civilisation: le transport individuel y a toujours joué un rôle de primordial et peut être considéré à juste titre comme... moteur essentiel de notre quête de bien-être et d’indépendance, d’autonomie et de disponibilité. Entre-temps, la conversation était terminée et mon café avait refroidi. Et d’un oeil goguenard je regardais ces révolutionnaires du troquet à travers la vitre monter chacun dans leur bagnole parquée à deux pas seulement de la porte... Des idées, il en faut, mais pour les transporter, rien ne vaut le pétrole!