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L'Amour révélé

La question

Curieux paradoxe: la première fois que l’amour vient illuminer nos coeurs et fleurir notre jardin secret marque en même temps la fin d’un mystère qui avait l’attrait de tout ce qui portait le sceau lointain de “l’âge adulte”. L’enfant connaît par coeur tous ces contes où un prince charmant rencontre sa belle mais le mot de la fin vient toujours trop tôt, sans donner corps à cette idylle qui substitue aux trépidations du malheur la volupté du bonheur. Alors quand c’est enfin son tour de franchir cette barrière inconnue, c’est comme si l’on ouvrait une boîte soigneusement scellée dont on aurait imaginé avec force et conviction le moindre secret...

 

La réponse du psy

Mais les histoires d’amour et les contes qui finissent sur un doux baiser nous enseignent également que si les héros n’ont pas d’âge, ils n’en demeurent pas moins éternellement jeunes, ce qui est éminemment suspect. Pourquoi disparaissent-ils toujours à l’aube de leur lune de miel, sans laisser ni trace ni descendance? Où sont les héritiers de Blanche-Neige, les arrière petits-fils de la Belle au Bois dormant? Cette fameuse élipse ne cacherait-elle pas quelque désillusion?
- Pour la grande majorité des amoureux, la première fois a dévoilé le contenu d’une boîte de Pandore remplie d’une force aussi puissante que destructrice et rares sont ceux et celles qui ne portent pas en eux la cicatrice d’une grande déception sentimentale: ce qui semblait si beau, si solide, si durable s’est révélé instable et éphémère comme si de toujours on n’avait gardé qu’un seul jour.
- Mais toute expérience, même si on la paie parfois cher, apporte son lot de consolation et de certitudes: une fois le feu de la passion balayé par les vents contraires ou éteint faute de combustible, on découvre que les foyers ne sont jamais uniques et qu’à défaut du coup de foudre qui allume ce premier brasier à la fois extraordinaire et douloureux, d’autres feux nous attendent, pour peu qu’on prenne le temps de glaner du bois et que l’on se procure des allumettes.
- Heureusement, nous ne sommes ni Roméo, ni Juliette et la fin d’une première relation ne sera synonyme ni de mort ni de déchéance. Au contraire, ce sera le départ d’une vie sentimentale plus réaliste, plus mûre et plus adulte, à l’aune de laquelle l’amour, le véritable, nourrira son quotidien et fleurira sa routine...