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Sort à la mort

La question

L’expérience de la mort d’un proche joue sur deux plans indissociables dans l’amorce du processus de deuil: d’abord, notre conscience doit comprendre que l’esprit qui habitait et animait l’être aimé a disparu pour toujours sans qu’il y ait à cela une explication tangible, rationnelle et logique, ensuite, c’est à nos émotions de gérer - et d’exprimer - tous les sentiments de tristesse, de colère, de révolte et de désespoir qui en résultent.

 

La réponse du psy

Or, dans notre société, ce lien ne va pas de soi. D’un côté, le spectacle quotidien de guerres, de massacres, et de tueries rapportées avec la distance des images nous entraînent à voir la mort comme un spectacle, une fiction qui n’a pas de prise directe sur la réalité. De l’autre, le tabou qui entoure le sujet et la peur d’en parler ouvertement comme d’une suite naturelle et logique de la vie fait de la “vraie” mort une circonstance de l’existence qui inspire un sentiment d’effroi que l’on occulte sous une épaisse couche de mutisme. Très tôt, les enfants sont confrontés à cette dissociation entre l’aspect “intellectuel” de la mort et les émotions qui devraient en traduire le poids: d’une part on évite d’aborder franchement cette étape pourtant essentielle de notre destin, d’autre part on les habitue à voir les personnages de cinéma, de TV et de BD passer de vie à trépas sans aucune implication affective puisque ce n’est pas “pour de vrai”. Le problème surgit le jour où c’est son père, sa mère ou un membre de la famille qui décède: le terrain n’a pas été préparé et il y a court-circuit entre cette perception soudaine d’un vide absolu et l’impossibilité “sociale” d’en communiquer le vertige abyssal. Crier à la face du monde sa détresse est un premier pas nécessaire pour accepter les ravages de la Grande Faucheuse et en apprivoiser la face hideuse. Imposer le silence empêche tout espoir de libérer cette douleur morale et étouffe en partie ce qui nous permet d’avancer et d’exister, notre propre souffle de vie...