mieux-etre.ch

Pour toujours...

La question

L’autre jour, j’ai découvert avec beaucoup d’émotion le film de Steven Spielberg “ALWAYS”. J’ai moi-même vécu un deuil pénible et j’ai de la peine à remonter la pente. Si je refais ma vie ne vais-je pas oublier et trahir celle que j’ai tant aimée ? Ai-je une chance de pouvoir lui communiquer ce que je ressens ?”

 

La réponse du psy

Lorsque le destin nous enlève quelqu’un que l’on aime, on affronte une tristesse et une solitude liée au souvenir omniprésent de l’autre que je répartirais en trois groupes distincts :
- L’absence “physique” : au moment de la disparition de celui ou de celle que l’on aime c’est sans doute le point le plus critique. Notre univers bascule car tout nous rappelle cet être que nous avons perdu : des habits, des objets, une voix qui ne parle plus, et tous ces détails anodins qui nous arrachent les larmes des yeux... Heureusement, dans le processus du deuil, c’est l’aspect qui se résorbe le plus rapidement et de nouvelles habitudes chassent ce sentiment de vide, de gouffre.
- L’absence “psychique” : la brusque rupture d’une relation affective nous laisse littéralement “en manque”. L’autre nous apporte son soutien, ses conseils, sa force et sa présence tisse dans notre monde intérieur une toile qui donne tout son sens à l’expression de “lien affectif”.
Ce sentiment de dépendre de l’autre pose cruellement la question du sens que l’on veut donner à sa vie, lorsque nous nous retrouvons seul. Le temps aidant, de nouvelles relations viennent étayer notre envie de poursuivre notre chemin et nous cessons de souffrir...
- La place de la personne aimée dans notre coeur : à mon avis, c’est là que celui ou celle que l’on perd demeure présent, aussi longtemps que nous vivons. C’est ce canal qui nous permet de donner à l’autre une parcelle d’éternité en gardant intacte la flamme que nous avons nourri à son égard. Quelle que soit notre propre destinée, la place qu’occupent ceux que nous avons aimés demeure intacte, à l’abri du temps et de la mémoire, et continue de fleurir comme un jardin secret qui garde en lui toute la splendeur de ces moments fragiles où deux âmes se fondent en une singulière communion d’esprit.
Le film de Steven Spielberg montre à merveille ces trois aspects : toute la souffrance engendrée par la disparition physique et psychique se transforme peu à peu et donne naissance à une nouvelle vie pleine de promesses et de bonheur et permet d’atteindre cette sérénité que l’on éprouve lorsque l’on parvient à se détacher de l’autre en lui gardant une place lumineuse dans notre coeur. Votre amie continue de vivre en vous et ce que vous ressentez, elle est en mesure de le sentir, jusqu’au jour où vous vous retrouverez, dans cet endroit que l’on montre du doigt en désignant le ciel...