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Piercings

La question

Le “marquage” du corps, éphémère ou définitif, par le port de parures, de bijoux, de distinctions, de tatouages ou de piercings constitue une pratique qui remonte à la nuit des temps et dont l’origine rituelle et initiatique ne s’est jamais perdue, même si aujourd’hui, cet aspect est fortement intériorisé et s’est transformé en une démarche plus personnelle et individuelle qui n’implique plus forcément la participation de tous les membres appartenant à la même “tribu”.

 

La réponse du psy

C’est que notre apparence est un formidable outil de communication, capable de séduire, d’effrayer, de situer dans la hiérarchie sociale et de décrire certains traits de la personnalité par des raccourcis saisissants. Tout n’est ensuite qu’une question de décodage par rapport à des normes que notre culture a établies en fonction d’un dénominateur commun qui garantit l’adéquation de chacun à son groupe et, partant, la cohérence et la cohésion de celui-ci: alors que personne ne s’étonne de côtoyer un valeureux combattant indien arborant plumes et peintures face à un rugueux cow-boy au Stetson ombrageux, dans le cadre d’un western opposant Sitting Bull à John Wayne, nous serons surpris de retrouver de telles figures derrière le comptoir de notre banque ou comme voisins de bureau. Ce n’est cependant qu’une question de décalage face à la majorité de ceux et de celles qui nous entourent. Ainsi, dans un même ordre d’idées, aucun parent ne sursautera lorsque sa fille souhaitera se faire percer le lobe des oreilles pour porter des boucles décoratives, comme toutes ses copines, et on ne soupçonnera pas un jeune cadre de coquetterie excessive lorsqu’il assortira le look de sa cravate à la couleur de son costume. L’inverse, pourtant, ne manquerait pas de susciter de vives réactions! L’envie d’être “différent” et de le montrer fait donc appel à toute une série de “marques” dont la relative individualité, et l’éventuelle connotation de rite et de douleur, permettent, paradoxalement, de se démarquer. Si tout le monde avait un anneau dans le nez, le comble de la provocation serait de refuser d’en porter. Là où le bât tend cependant à blesser, c’est que l’originalité et le sensationnel sont terriblement éphémères: la mode - qui n’est rien d’autre qu’une expression de la norme - finit en effet toujours par faire rimer “phénoménal” avec “banal”...