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Ex-délinquant

La question

La conformité aux normes établies par son groupe d’appartenance constitue le ciment nécessaire au maintien de l’édifice social dans lequel nous évoluons. Si chacun n’agissait qu’au gré de ses propres règles et n’obéissait qu’à ses envies personnelles, la société ne serait que chaos et anarchie.

 

La réponse du psy

C’est ce qui explique que dès l’enfance, les adultes qui nous entourent nous apprennent, avec plus ou moins d’insistance, quels sont les principes à observer et à respecter pour s’intégrer au mieux dans cette communauté humaine qui nous offre, en échange, toute une série de services et de relations sans lesquels nous serions vite perdus. Bien que la pression qui nous pousse à nous conduire de façon conforme à ce système de valeurs et de références soit toujours très forte, nous gardons néanmoins le libre choix de suivre le chemin tracé ou de nous en éloigner. On peut, par exemple, sortir des sentiers battus en s’exilant sur quelque île déserte, changer de pays et de culture, ou faire le pas d’une vie plus ou moins marginale, qui sorte de l’ordinaire. Mais cet éloignement aura inévitablement des conséquences sur ces liens puissants qui, si nous longeons une route bien balisée, nous garantissent de sérieux avantages, notamment sur le plan matériel: un certain confort de vie va de pair avec le sacrifice d’une partie de sa liberté, à moins que l’on ne dispose de ressources personnelles telles que l’on puisse assumer une existence d’ermite, à l’abri de tout besoin “social”. La délinquance et son parcours typique de révolte contre l’ordre établi, d’argent facile glané au gré de casses sans relief, d’errances en marge de la loi et d’apprentissage de la solitude du braqueur s’inscrit précisément dans ce contexte où l’on cherche à se distancer d’un groupe dont l’on supporte mal les limites et qui ne répond pas à son envie d’espace et de mouvement. A l’origine, il y a toujours un conflit avec le monde des adultes dont l’enfant perçoit les failles et les manques, sans trouver un moyen de les compenser. Sa souffrance entraîne un désir de s’affranchir du carcan des règles imposées par la société et vécues comme autant de barrières à son épanouissement individuel. Mais la voie de la marginalité va rapidement se révéler être une terrible impasse, au fond d’une pente raide, moite et glissante: happé dans le cercle vicieux de l’illégalité, le délinquant qui aspirait à l’absence d’entraves va se trouver coincé dans un monde chaotique fait de violence et d’exclusion. Paradoxalement, alors, la seule liberté à y gagner sera celle de retrouver la conformité et l’intégration, en comprenant que ce ne sont pas les normes qui sont astreignantes, mais la vie elle-même...