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Pas de repos pour Morphée

La question

Durant de longues décennies, le sommeil était perçu comme une phase de repos passif, au cours de laquelle le corps et l’esprit “récupèrent” à la manière d’une batterie qui se recharge.

 

La réponse du psy

Grâce aux enregistrements polygraphiques (électroencéphalogramme, oculographie, électromyographie), on se rend compte aujourd’hui que l’être humain demeure constamment “actif” et, même si l’on n’a pas encore saisi tous les mystères du sommeil, celui-ci apparaît clairement comme l’un des régulateurs “naturels” et essentiels de notre équilibre physique et psychique. Or, des chercheurs américains ont évalué que 40% des adultes étaient amenés à souffrir un jour ou l’autre de troubles du sommeil plus ou moins graves, parmi lesquels on trouve, entre autres, l’insomnie et l’hypersomnie. En plus du coût que cela représente sur le plan médical et pharmacologique, ces dysfonctionnements ont toute une série d’effets collatéraux: baisse de la productivité et de la concentration, risques accrus d’erreurs et, partant, augmentation significative du risque d’accidents, aggravation du nombre de cas de dépressions et de maladies psychosomatiques, autant de facteurs liés à la fatigue chronique qui mine l’organisme. Les causes de ces dérèglements sont naturellement multiples et n’ont pas la même incidence chez ceux et celles qui en sont victimes. Il semble cependant qu’un dénominateur commun soit le stress, sous toutes ses formes. La pression de la vie quotidienne, les états d’anxiété et de tension, l’impossibilité de reprendre son souffle et de “faire le vide” constituent un terreau idéal pour ces “malaises” qui expriment une peine progressive à gérer les contraintes qui nous assaillent sans répit. Que l’on perde le sommeil parce que le déferlement d’angoisses qui nous y attend devient insupportable ou que l’on se réfugie dans les bras de Morphée afin d’échapper à l’étau implacable de la réalité revient dès lors pratiquement au même: les mécanismes de défense agissent dans un sens ou dans l’autre mais sont mus par la même source de frustrations. Ce type de pathologie nécessite une approche thérapeutique multiforme et pluridisciplinaire: les médicaments ne sont que des béquilles transitoires et des pansements de fortune face à une problématique plus profonde qui implique un travail sur soi long et complexe, que ce soit par le biais de thérapies comportementales, analytiques ou systémiques. Dans tous les cas, cependant, reconnaître qu’un problème de sommeil n’est jamais banal, c’est éviter de tomber dans le cercle vicieux de ces troubles qui ont la fâcheuse tendance à s’auto-alimenter...