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Sang, ciment et sentiment

La question

On ne choisit ni ses parents, ni ses frères et soeurs mais les liens qui se créent entre les membres d’une même famille sont nécessairement privilégiés, dans la mesure où c’est dans cet “espace” social que l’on fait ses premières expériences interactives, que l’on grandit en s’ouvrant aux autres, que l’on apprend à partager et à cohabiter.

 

La réponse du psy

Les spécialistes parlent volontiers de système lorsqu’ils tentent d’analyser le schéma complexe qui détermine les comportements d’une même fratrie et les deux concepts qui en caractérisent le mieux les soubassements sont la référence et la complicité. Nous avons tous besoin de connaître nos racines, de nous identifier à une culture, de construire une histoire de vie. Ainsi, que l’entente soit bonne ou mauvaise au sein du microcosme familial, on se constitue un véritable “patrimoine” commun, fait d’habitudes, de relations, de souvenirs, souvent renforcés par les sentiments que l’on éprouve à différents moments de notre développement, que ce soit plutôt dans la joie ou la tristesse. En grandissant, nous élargissons notre cercle relationnel et nous rencontrons d’autres personnes qui apportent également une contribution décisive à l’élaboration de notre identité et nous aident à découvrir les multiples facettes de notre personnalité. Mais ces nouvelles connaissances n’auront pas une influence aussi prépondérante dans notre existence, comme si les briques des premières fondations posées au cours de l’enfance étaient plus solides et plus stables. A cette dimension constructive s’ajoutent les bienfaits d’une complicité qui va sceller encore davantage cet attachement caractéristique que l’on éprouve pour ceux qui appartiennent à notre famille. C’est une amitié dont la force essentielle réside notamment dans la similitude du parcours, les éventuelles ressemblances, héréditaires ou ataviques, et cette proximité qui, en règle générale, ne s’effacera jamais de la mémoire, même si les destinées se séparent par la suite. C’est ce qui explique en grande partie la douleur particulièrement violente qui accompagne le deuil d’un frère ou d’une soeur, d’autant plus qu’à sa propre peine s’ajoute celle de ses parents, dont l’immense chagrin accentue dramatiquement la souffrance, la révolte et, parfois, l’impression de culpabilité de n’avoir rien pu faire pour empêcher la mort de frapper. Tout le monde n’a pas les mêmes affinités avec ses proches mais la disparition de l’un d’eux crée invariablement un vide irremplaçable, comme si chacun se partageait un peu de cette histoire qui sous-tend ce que nous sommes, à la manière d’un vaste puzzle d’images communes, dont les différentes pièces seraient collées les unes aux autres par un puissant ciment de sang et de sentiments...