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Accidents: entre mythe et réalité

La question

Lorsque nous lisons les statistiques relatives aux accidents de la route, nous sommes toujours surpris. Pas étonnant, puisque nous passons de nombreuses heures en voiture et que nous faisons de nombreux trajets sans rencontrer de problèmes particuliers. Bien sûr, une fois ou l’autre nous évitons de justesse un accrochage mais sitôt le danger passé, nous avons l’impression d’être, finalement, de bons conducteurs.

 

La réponse du psy

Et, face à l’aspect anonyme des chiffres qu’on lit à propos des routes si meurtrières, nous échafaudons toute une série d’explications qui ont l’avantage de simplifier les choses et de rassurer cette petite voix intérieure qui ne peut s’empêcher de nous rappeler que si les statisticiens comptent les points, c’est nous qui jouons la partie... Les responsables de la circulation routière tentent d’ailleurs par tous les moyens de sensibiliser les conducteurs aux dangers que chacun court sur la route et c’est souvent par le biais d’un rapport particulièrement effrayant qu’on espère les inciter à la prudence. Cependant, les mythes modernes liés au trafic en général, aux accidents en particulier ont toujours l’art de déléguer les responsabilités, ce qui est bien commode. Face à l’hécatombe, on se masque derrière des paravents qui ne sont pas entièrement dénués de bon-sens : il y a la rançon du progrès, et de tous ces véhicules qui vont de plus en plus vite, il y a la fatalité contre laquelle nous ne pouvons rien entreprendre, ces week-end tragiques où la mort vient semer a terreur sur le macadam, il y a les “fous du volant” auxquels on n’a pas retiré le permis assez tôt, il y a les mauvais conducteurs qui n’ont pas de bons réflexes... Dans le même ordre d’idées, on établit des catégories où l’on dissocie la route et son état, du véhicule, de son conducteur et des conditions générales (temps, densité du trafic) qui ont conduit à l’inévitable. Toutes ces raisons ont un fondement réel, certes, mais leur fonction simplifie les causes à l’extrême et permettent aux conducteurs de ne pas se sentir coupables et co-responsables, avec les autres usagers de la route, de la sécurité qui devrait y régner. En d’autres termes, elles masquent l’essentiel, à savoir la nécessité de prendre conscience que chacun, à travers son comportement dans la circulation, peut - et doit - contribuer à réduire le risque d’accidents avant de chercher des “excuses” ou des échappatoires.
Il est excessivement difficile de savoir dans quelle mesure nous conduisons mieux ou moins bien que notre voisin. Qu’est-ce qu’un conducteur moyen ? Qu’est-ce qui le distingue du bon et du mauvais conducteur ? Comment estimer ses performances et le nombre d’erreurs qu’il commet ? Sans doute y a-t-il des automobilistes plus expérimentés que d’autres mais au moment où se produit l’imprévu chacun devient une victime, avec toutes les conséquences que cela implique. Chaque fois que nous montons à bord d’une voiture nous pouvons accroître, dans une certaine mesure, les moyens dont nous disposons pour nous “défendre” en cas de pépin : on peut citer la ceinture de sécurité (obligatoire mais souvent oubliée), le bon état du véhicule, sa propre forme physique et tout ce que le bon-sens nous dicte en matière de chargement, de visibilité, de concentration, etc... Mais avoir des atouts en main ne nous protège en rien si nous ne jouons pas correctement. Sur la route, nous devrions donc toujours ajuster nos comportements en fonction de trois grands critères :
1. Ajuster sa vitesse, c’est-à-dire s’adapter aux conditions de trafic, à l’état de la route, à la météo, etc...
2. Choisir constamment une position optimale sur la chaussée, c’est-à-dire savoir garder une bonne distance avec le véhicule qui nous précède, corriger ses trajectoires, rester bien à droite, ne pas tenter des dépassements hasardeux et négocier habilement la traversée des intersections.
3. Éviter de surprendre et de se laisser surprendre, c’est d’une part adopter un comportement clair par rapport aux autres usagers de la route et d’autre part anticiper le plus possible les mouvements et les réactions d’autrui. C’est en quelque sorte la dimension “communication” du trafic, même si le moyens à disposition sont très sommaires.
Savoir que l’on court un risque sur la route mais qu’on peut significativement contribuer à le réduire devrait être au moins aussi efficace et rassurant que de croire aux explications trop générales qui nous délestent de notre responsabilité. Et le jour où, malgré tout, nous sommes sur le devant de la scène dans un accident, nous aurons au moins la certitude d’avoir tout mis en oeuvre pour éviter le pire...